« En gros, il y a eu un “renvoi” massif et soudain des proches aidants – ce qui est très difficile puisqu’ils ne pouvaient plus surveiller le pouls des soins quand il s’est arrêté en leur absence. »
Dans un billet de blogue à la fin septembre, la Dre Sammy Winemaker, médecin en soins palliatifs à Hamilton (Ontario), a ainsi décrit avec éloquence ce qui est arrivé au début de la pandémie de COVID-19 quand les partenaires de soins essentiels[1] ont été bannis des établissements de soins où leurs proches vivaient ou étaient hospitalisés.
Si ces restrictions ont été imposées avec de bonnes intentions à un moment où on en savait peu sur le virus et où il manquait d’équipements de protection individuelle, leur prolongement nuit à la sécurité, aux soins et au bien-être des patients. C’est pourquoi le thème de la Semaine nationale de la sécurité des patients de cette année est Qui suis-je? Un partenaire de soins essentiel.
Avant la pandémie, près des trois quarts des hôpitaux sondés au Canada avaient des politiques accommodantes pour les membres de la famille et les autres partenaires de soins essentiels. Lors du suivi en mars et avril 2020 après le début de la crise, ces politiques avaient disparu partout. Ce changement renversait la tendance positive reconnaissant que les partenaires de soins essentiels ne sont pas de simples visiteurs, mais d’importants membres de l’équipe soignante. Les politiques récentes adoptent généralement une approche plus équilibrée, mais le retour sécuritaire des partenaires de soins essentiels dans les établissements demeure inégal entre les régions et les organisations.
Comme beaucoup d’autres au pays et à l’étranger, j’ai perdu un membre de ma famille décédé seul durant une des premières vagues de la pandémie. Les symptômes de démence et les problèmes de mobilité d’une autre proche ont empiré quand la famille n’était plus admise dans son établissement de soins de longue durée.
Ma famille n’est pas la seule, et les données probantes montrent que les partenaires de soins essentiels peuvent améliorer la sécurité des patients, directement et indirectement. Par exemple :
- L’adoption de politiques sur la présence des familles dans les hôpitaux, conjuguée à d’autres interventions, réduit les chutes de patients et les blessures causées par celles-ci.
- La participation des proches aidants au processus de soins peut réduire l’anxiété et l’insatisfaction des patients.
- Les patients dont la santé est vulnérable (p. ex., aux soins intensifs, âgés) sont plus susceptibles d’être victimes d’erreurs médicales, de recevoir des soins coûteux non essentiels ou des soins inégaux, de subir des préjudices physiques ou affectifs et de vivre de l’isolement social quand les familles et les proches aidants ne peuvent pas participer activement aux soins.
- Pour les patients qui ont une insuffisance cardiaque aiguë, un soutien social accru (famille et amis) est associé à une meilleure observance du traitement pharmacologique.
- Le personnel hospitalier manque plus souvent d’informations vitales en l’absence des proches aidants.
En plaçant les partenaires de soins essentiels au cœur de la Semaine nationale de la sécurité des patients, nous espérons renforcer l’importance des expériences vécues par les patients, les familles et les proches aidants dans l’orientation de la reprise postpandémie et la résilience future en général, sans oublier que c’est une pierre angulaire du travail d’Excellence en santé Canada. Cela fait maintenant plus de six mois que nous avons lancé l’organisme réunissant l’Institut canadien pour la sécurité des patients et la Fondation canadienne pour l’amélioration des services de santé.
Notre organisme est né de la conviction que chaque personne au Canada mérite des soins et des services de santé d’excellence. C’est pourquoi il était important pour nous de choisir pour notre première Semaine de la sécurité des patients un thème qui reflète le rôle vital des partenaires de soins essentiels dans la sécurité des patients et la qualité des soins de santé. J’espère que vous vous joindrez à nous pour réclamer leur réintégration sécuritaire dans les établissements de santé du pays.
Découvrez comment bâtir un programme de partenaires de soins essentiels en participant à la Semaine nationale de la sécurité des patients 2021 à l’adresse semainedelasecuritedespatients.ca.
[1] Les partenaires de soins essentiels (PSE) ne sont pas de simples visiteurs; ils sont nommés et désignés par les patients. Tout au long du parcours de soins, ils jouent un rôle important dans la sécurité des patients, et offrent une bonne partie du soutien physique, psychologique et émotionnel, notamment en participant à la prise de décisions ainsi qu’à la coordination et à la continuité des soins. Les PSE peuvent être des membres de la famille, des amis proches, des proches aidants ou toute autre personne nommée par le patient.