Raviver l’intérêt pour la sécurité des patients : progresser vers des soins plus sûrs

22 novembre 2023

Raviver l’intérêt pour la sécurité des patients : progresser vers des soins plus sûrs

Retour sur la causerie exclusive organisée lors de la Semaine nationale de la sécurité des patients 2023 (SNSP), notre campagne annuelle visant à inspirer des améliorations en matière de sécurité et de qualité des soins au Canada. Cet événement virtuel, présenté par Jennifer Zelmer, présidente-directrice générale d’ESC, a réuni un groupe de spécialistes qui ont partagé avec nous leurs expériences, leurs connaissances et leurs stratégies pour redonner de l’élan à la sécurité des patients.

Les panélistes :

  • Professeur Jason Leitch, CBE, directeur clinique national de l’Écosse
  • Robin McGee, psychologue clinicienne autorisée, auteure et membre de Patients pour la sécurité des patients du Canada
  • DrJames Makokis, médecin de famille nehiyô bispirituel de la Nation crie de Saddle Lake en Alberta

Comment pouvons-nous améliorer et relancer les efforts en faveur de la sécurité des patients?

Des préjudices à l’hôpital aux pénuries de personnel en santé, en passant par les problèmes systémiques comme le racisme, il reste beaucoup à faire pour favoriser des soins plus sûrs pour tout le monde. Mais le progrès est possible, comme le montrent les effets cumulatifs de nos actions. Voici quelques points à retenir pour améliorer et relancer les efforts en faveur de la sécurité des patients.

Chercher des partisans précoces

Se basant sur les propos du père de l’amélioration de la qualité, Joseph Juran, le professeur Jason Leitch a expliqué que « toutes les améliorations sont locales; toutes les améliorations ont lieu un projet à la fois [...] il s’agit généralement de rassembler les gens ».

Par exemple, en soins cliniques, la collaboration avec des partisans précoces de l’amélioration a permis au professeur et à ses collègues d’« améliorer la sécurité des soins intensifs », ce qui a mené à la création du programme écossais de sécurité des patients. Après avoir atteint des résultats prometteurs (éradication des infections) avec leurs cinq premières unités, il a été plus facile d’en recruter d’autres et de déployer le programme à plus grande échelle. Pour apporter des améliorations au système de santé, une bonne stratégie est donc de chercher à collaborer avec des partisans précoces.

Trouver votre communauté

« Dans un comité, il y a une grande différence entre être la seule personne qui représente les patients et patientes, ou le faire à deux, a rappelé la psychologue Robin McGee. Pourtant, je n’avais jamais vraiment eu de réelle influence sur la défense des intérêts des patients et patientes avant de me joindre à Patients pour la sécurité des patients du Canada et d’avoir accès à du soutien. »

Même son de cloche du côté du professeur Leitch : « On a besoin d’outils, de camarades et de courage. [...] On a besoin des outils servant à apporter le changement, besoin d’un groupe de personnes prêtes à vous assister, besoin de courage pour agir. »

Bref : l’union fait la force. Avoir une communauté à ses côtés rend les choses plus faciles. Et avoir du soutien est indispensable pour cultiver le courage nécessaire et continuer à exiger des améliorations.

Reconnaître et pallier les enjeux systémiques

Au Canada, les inégalités en santé sont toujours d’actualité. Qu’elles découlent d’inégalités sociales ou économiques ou d’une autre forme d’oppression systémique, elles causent des préjudices. Le DJames Makokis a cité le cas des Autochones, qui continuent de présenter les résultats cliniques les moins satisfaisants au pays. En cause : le colonialisme, le racisme et la déshumanisation.

Beaucoup de personnes qu’il suit préfèrent retarder leur traitement ou s’éloigner de leur domicile dans l’espoir d’être bien traitées, plutôt que d’avoir recours à des services de proximité où le simple fait d’être autochtone entraîne une mauvaise prise en charge. Ces formes de préjudice ne sont souvent pas considérées comme des problèmes de sécurité des patients. 

Il faut repenser la sécurité des patients et y inclure la sécurité culturelle. Il faut adopter une approche anti-oppression dans les processus tels que le système de plainte, notamment en se posant les questions suivantes : comment recueillons-nous des données? Qui analyse les données? Les personnes des groupes racialisés ou discriminés sont-elles incluses? Le Dr Makokis encourage le public à pratiquer l’autoréflexion et à faire preuve d’un esprit plus critique pour s’attaquer à ces problèmes. 

Humaniser le processus

« Généralement, quand une personne subit un préjudice et qu’elle ou sa famille cherche à connaître la raison de cette erreur évitable, le personnel se met sur la défensive [ou] refuse de lui parler, a expliqué Robin McGee. [Ce comportement] aggrave le préjudice découlant de l’incident. »

Selon la psychologue, pour redonner de l’élan à la sécurité des patients, il faut humaniser le processus pour les bénéficiaires comme pour les prestataires de soins. Par exemple, on peut favoriser les approches de guérison après les préjudices (comme le programme de guérison mutuelle de Covenant Health), qui consistent en des discussions ouvertes entre les prestataires de soins de santé et les patients et patientes. Le Dr Makokis a aussi souligné la nécessité d’humaniser les soins de manière plus générale, nous rappelant l’intention des traités originaux, symbolisée par la ceinture wampum à deux rangs représentant le respect mutuel et la collaboration.

Militer : tout le monde peut contribuer à rendre les soins plus sûrs

« Je n’ai d’autre choix que de défendre courageusement mes patients et patientes, a expliqué le Dr Makokis. J’ai été lourdement victime de discrimination et d’agressions physiques, même en dépit du pouvoir inhérent à mon statut de médecin. Mais qu’en est-il [...] des patientes et patientes autochtones ou trans et des personnes de couleur, qui n’ont aucun pouvoir au sein de ces systèmes? »

Défendre les intérêts des patients et patientes, c’est épuisant. Les patients et patientes ne devraient pas porter l’entière responsabilité de leur défense; tout le monde dans le milieu doit contribuer. Si nous nous allions pour réclamer des soins plus sûrs, tout le monde en profitera.

Quelles sont les prochaines étapes?

Nos systèmes de santé sont complexes, mais ils peuvent évoluer. Quand nous travaillons ensemble pour raviver l’intérêt envers la sécurité des patients, nous pouvons aussi la repenser en mettant en œuvre de nouvelles approches qui permettent de remédier aux problèmes systémiques et rendre les soins plus sûrs pour tout le monde.

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