De petits changements. De grands effets. Des soins plus sûrs.

25 octobre 2023

De petits changements. De grands effets. Des soins plus sûrs.

Ma famille, comme beaucoup d’autres, a vu sa vie bouleversée par des soins non sécuritaires, et sait l’effet positif qu’une action concertée peut avoir sur la sécurité des soins. Ma grand-mère, qui a été très active toute sa vie, a dû être opérée à plusieurs reprises pour des arthroplasties de la hanche et du genou. Pendant l’une de ces interventions, elle a reçu une transfusion sanguine et a été infectée par le virus de l’hépatite C. Nous ne le savions pas à l’époque, mais ces quelques minutes allaient changer sa vie à tout jamais.

Si je devais subir la même opération aujourd’hui, je ne serais pas exposée au même risque. La sécurisation de l’approvisionnement en sang et l’emploi de techniques chirurgicales qui limitent les besoins en transfusions sont désormais une réalité quotidienne dans tout le pays. Cette situation n’est pas due à une seule initiative, une seule personne ou une seule organisation. Elle est le fruit d’une multitude d’actions entreprises par une multitude de personnes qui, pour la plupart, ne se sont jamais rencontrées.

Les expériences comme celle-ci trouvent écho dans le thème que nous avons choisi pour la Semaine nationale de la sécurité des patients 2023 : Des soins plus sûrs. De petits changements. De grands effets.

Mais notre travail ne s’arrête pas là : tout le monde ne profite pas encore des progrès considérables réalisés dans la sécurité de l’approvisionnement en sang depuis la génération de ma grand-mère. En réalité, l’amélioration de la sécurité des soins n’a pas été aussi rapide – ni profonde – que ce qu’on espérait. D’après les données publiées récemment par l’Institut canadien d’information sur la santé, en 2022-2023, un séjour hospitalier sur 17 au Canada a été associé à des préjudices involontaires qui auraient pu être évités grâce à des pratiques éclairées par des données probantes. Cela représente 6 % des admissions en soins actifs, contre un taux prépandémie compris entre 5,3 % et 5,4 %.

Le Canada ne fait aucunement figure d’exception. Les taux de préjudices ont également augmenté aux États-Unis, au Royaume-Uni et dans d’autres pays. Pour Don Berwick, spécialiste de la sécurité de renommée mondiale, « le mouvement pour la sécurité est, au mieux, resté au point mort. » Il exhorte les cadres et les conseils d’administration du secteur à « replacer la sécurité des patients au rang des priorités stratégiques », car le principe d’abord ne pas nuire demeure « une obligation sacrée pour tous les acteurs du secteur de la santé. »

Pour insuffler une nouvelle dynamique, il faudra s’engager à se recentrer sur la sécurité, et redéfinir comment accélérer le mouvement. Ces derniers mois, nous avons pavé la voie à suivre en nouant des liens avec des centaines de personnes à travers le pays. Le thème central de cette nouvelle édition de la Semaine nationale de la sécurité des patients reflète ce que nous avons entendu lors de ces échanges, ainsi que les données probantes issues de divers cadres internationaux.

La première étape consiste à défendre une approche exhaustive et très élargie de la sécurité des soins de santé. La définition de la sécurité va bien au-delà de l’absence de préjudice. La personne qui occupait le lit voisin dans la chambre de ma grand-mère a peut-être eu la chance d’éviter l’infection, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle était en sécurité. Nous devons trouver un équilibre entre réduction des préjudices et promotion active de la sécurité.

Par ailleurs, aucune forme de préjudice n’est anodine. Nous avions auparavant tendance à cibler principalement les préjudices physiques, tels que les chutes ou les infections nosocomiales, qui étaient plus faciles à mesurer. Or d’autres formes de préjudice doivent également être prises en considération : traitement insuffisant ou excessif, retards et erreurs de diagnostic, déshumanisation ou encore préjudices psychologiques. Et tout le monde ne bénéficie pas encore d’un accès équitable à des soins sûrs, indépendamment de son apparence, son origine, son orientation sexuelle, sa langue ou toute autre caractéristique.

 Nous avons encore du chemin à parcourir.

Heureusement, il existe des approches avérées et prometteuses pour tendre vers cet objectif. Nous avons toutes et tous un rôle à jouer dans la sécurité des patients. Ensemble, nous pouvons tirer des enseignements et agir pour rendre les soins plus sûrs et diminuer toutes les formes de préjudice liées aux services de santé. Il est pour cela important de reconnaître que la sécurité des prestataires de soins est étroitement liée à celle des patients.

Le processus n’est pas toujours compliqué. Par exemple, j’ai récemment subi une chirurgie parodontale. De la colle sur le guide chirurgical a déchiré quelques points de suture, ce qui a provoqué un saignement particulièrement abondant. Une fois le saignement sous contrôle, j’ai demandé au parodontiste comment réduire ce risque à l’avenir. Nous avons discuté des différentes options et convenu de la procédure à suivre pour l’intervention chirurgicale suivante, prévue l’année prochaine.

En soi, c’est un petit changement. Mais une succession de petits changements peut avoir de grands effets et contribuer à des soins plus sûrs.

Ensemble, nous pouvons déterminer comment promouvoir la sécurité des soins, en instaurant des environnements propices au dialogue et en favorisant l’exploration et la curiosité.  Pour ce faire, travaillons en amont. Explorons, apprenons et agissons pour prévenir les préjudices. Et déterminons quand, pourquoi et comment les choses se déroulent bien.

Déployons toutes et tous notre capacité de contribution en réfléchissant aux mesures que nous pouvons prendre au quotidien pour rendre les soins plus sûrs :

  • Comment intégrer la curiosité et le questionnement proactif à nos pratiques quotidiennes, tout en maintenant un équilibre entre assurance et responsabilisation?
  • Comment étoffer nos indicateurs de sécurité avec des données d’intelligence émotionnelle recueillies par l’écoute, l’observation et la perception?
  • Comment passer de « la sécurité est un projet » à « la sécurité est un mode de pensée, d’intervention et d’action »?
  • Comment engager les patients et patientes, les familles et tout le personnel de santé dans la démarche d’amélioration de la sécurité, afin que cette responsabilité n’incombe plus exclusivement aux services de qualité et de sécurité?
  • Y a-t-il des occasions d’encadrer ou d’accompagner pour renforcer la sécurité des soins, plutôt que de privilégier les processus et pratiques d’audit rétrospectifs?
  • De quelle façon les mesures en faveur de la sécurité des patients peuvent-elles contribuer à réduire les iniquités en santé? Et de quelle façon les mesures en faveur de l’équité des soins peuvent-elles contribuer à des soins plus sûrs?
  • Est-ce possible de passer d’une approche rétrospective à une approche proactive de la sécurité?

Le changement est à portée de main. Ensemble, tâchons de déterminer comment de petits changements peuvent avoir de grands effets – posons des questions, participons à des discussions sur la sécurité, et prenons des mesures proactives.

Découvrez nos ressources gratuites pour cette campagne :

  • Lisez notre guide de discussion Repenser la sécurité des patients, qui détaille la nouvelle approche.
  • Invitez vos collègues à rechercher des occasions d’améliorer la sécurité des soins à l’aide de nos fiches d’activité, telles que le concours de chasse aux dinosaures. Cette activité amusante et constructive encourage avec bienveillance les équipes soignantes à réfléchir à leurs pratiques professionnelles, afin de distinguer celles qui contribuent à des soins plus sûrs de celles qui, au contraire, n’y contribuent pas.
  • Participez à notre série d’événements, un programme virtuel dynamique de quatre mois qui répond à divers objectifs : aider votre équipe à affiner sa compréhension de la sécurité, lui permettre d’adopter une approche proactive de la sécurité, et renforcer la culture de sécurité des patients au sein de votre organisme.
  • Partagez une capsule vidéo d’introduction sur cette nouvelle approche afin d’élargir notre cercle de collaboration.

Pour plus d’informations ou pour accéder à d’autres ressources, rendez-vous sur la page ExploronsDesSoinsPlusSurs.ca.

Jennifer Zelmer, Ph. D.

Présidente-directrice générale d’Excellence en santé Canada